L e t e r r o i r d u B œ u f d e C h a r o l l e s

Le terroir du Bœuf de Charolles
A O P B o e u f d e C h a r o l l e s

La race Charolaise : un cépage qui trouve son origine chez nous

Le terroir du Bœuf de Charolles est le berceau historique de la race Charolaise.

Il est impossible de savoir où et quand est née la race ou le premier veau blanc, cependant, avec un raisonnement logique conduit à partir des connaissances existantes, il est possible de cerner la réalité.

Des études récentes de l’Institut National de la Recherche Agronomique portant sur les protéines du sang et du lait, ont démontré que plusieurs de nos races actuelles sont issues d’une même souche nommée « Blonde du Centre », il s’agit des races : Salers, Aubrac, Limousine, Blonde d’Aquitaine et Charolaise.

On ne connaît pas les caractéristiques de cette « race – mère » qui constituait le cheptel bovin du Massif Central et régions voisines. Les individus qui la constituaient devaient être variables d’une région à l’autre et même hétérogènes dans une même région. Les lois de la nature ont donc pu faire naître des veaux de conformation et de couleur variées dont des blancs. Chacune des régions a alors privilégié l’élevage de ceux qui s’adaptaient le mieux au climat et au terrain. C’est ainsi que la race charolaise s’est installée et développée dans le Brionnais, pointe Nord du Massif Central la plus étroite.

Le contexte historique du Brionnais a été tout à fait favorable à l’émergence des éleveurs et par conséquent à la sélection précoce de la race.

Si ce n’est qu’au 19ème siècle que le « petit peuple » a connu en France une véritable amélioration de son sort (malgré les progrès agricoles et la Révolution). La révolution agraire brionnaise, elle, avait commencé bien avant. C’est dans le Charollais, en effet, qu’une lente évolution a débuté dès le 15ème siècle : très tôt sous l’ancien régime, apparaissent des « alleus », des terres affranchies de toute contrainte et charge seigneuriales. Les anciens « tenanciers » en étaient devenus pleinement propriétaires, moyennant finances, bien entendu. Libre de clôturer leur « héritage » de haies vives ou de murets de pierres sèches, ils purent élever du bétail. C’est à partir de là que débute réellement l’histoire de la sélection de la race charolaise, avec les premiers éleveurs. Puis, certains n’élèvent plus seulement et vont acheter des bêtes de réforme. On les appelle alors les « marchands », ce sont en réalité, les premiers emboucheurs. Peu à peu, ils ne se consacrent qu’à l’embouche, d’autres assurant l’élevage. C’est plus tard, au 18ème siècle, que certains, à l’étroit, se délocalisent en Nivernais. Les expériences de croisement de la race effectuées par les éleveurs nivernais ne tarderont pas, mais s’achèveront rapidement. Le Herd Book de la race charolaise nait en 1920.

L’histoire montre que la race charolaise, d’aussi loin qu’il y en a des traces écrites, pâturait dans le Brionnais il y a plus de 300 ans. Cette histoire, a été portée jusqu’à la légende, mais il est cependant possible de la retracer.

La légende, entretenue pour le folklore local, relayée par les médias et les guides touristiques, apparaît encore comme une vérité historique. Ainsi, ce serait en 1747, qu’un éleveur et marchand d’Oyé, Emiland Mathieu, parcouru avec ses bœufs charolais les 400 km qui séparait son exploitation de Paris, pour les vendre sur le marché parisien. C’était la première expédition de ce genre, puisque nul n’avait jamais commercialisé hors du marché de Saint-Christophe ou des marchés de Villefranche et de Lyon. L’opération fit donc sensation en Charollais – Brionnais, d’autant qu’elle se renouvela, si bien qu’Emiland Mathieu pris un domaine dans le Nivernais, à Anzely (Nord de Decize), étape sur la route de Paris. Au siècle suivant, l’embouche en Brionnais connaissait son âge d’or, gravé dans l’architecture de la région. Cette prospérité fut attribuée à Emiland Mathieu, dont on parlait encore, et l’histoire devint un mythe.

La réalité est peu différente, mais révèle cependant que l’embouche et la commercialisation vers Paris, d’animaux charolais, sont antérieures à l’expédition d’Emiland Mathieu. En effet, un document authentique : « Mémoire sur la Généralité de Moulins » (dont dépendait le Nivernais) de l’intendant Vayer, daté de 1698, montre de manière explicite la différence entre la légende et la réalité : « les animaux engraissés à l’herbage arrivaient à Sceaux et Poissy de fin juin à fin novembre…habitués à exécuter des travaux pénibles dès l’âge de deux ans et demi, les bœufs charolais de 6 ou 7 ans franchissaient cette distance sans éprouver une grande fatigue. Le Nivernais approvisionnait aussi les villes de Bourgogne et de Champagne, les animaux invendus dans ces villes étant amenés au marché approvisionnant Paris ».

C’est de ce contexte historique favorable et de ce milieu géographique particulier, qu’est née la race charolaise avec les caractéristiques particulières que les premiers sélectionneurs ont fait apparaître : amplitude du corps, convexité de la culotte, peau devenue molle et souple, couleur blanc – crème, cornes cabettes blanches à peine verdâtres. Très tôt en effet, ces animaux ont été destinés à la consommation, les qualités bouchères de l’animal, ont donc été recherchées. Les conditions géographiques et les savoir- faire ont donc été mobilisés pour que la race exprime au mieux son potentiel boucher.

Aujourd’hui disséminée partout dans le monde, la race charolaise est le plus connue des cépages à viande, même si sa sélection a parfois pris d’autres orientations. Sur son berceau historique, où les savoir faire locaux perdurent, notre cépage exprime pleinement notre terroir.